L'enclos des fusillés : une enquête sordide sur la disparition de bébés

14:28:00

Chronique littéraire L'enclos des fusillés par Mally's Books

Au cours de la session de septembre des Masses Critiques Babelio, j’avais reçu L’enclos des fusillés de Line Alexandre.
Ce livre n’est pas celui qui m’intéressait le plus, mais j’étais curieuse de voir comment l’auteure allait rapprocher le drame de nouveaux nés africains décédés aux souvenirs de héros de guerre. Un polar atypique...  

La quatrième de couverture…  

Des bébés africains retrouvés morts dans l’Enclos des Fusillés, à Liège, là où reposent en paix des héros de la Seconde Guerre mondiale… Une paix bien compromise par l’exhumation de deux corps minuscules enchevêtrés, blottis dans une serviette de bain jaune pour tout linceul. Qui a enterré les nouveau-nés dans ce lieu quasi sacré ?

Gabrielle Werner, la juge d’instruction chargée de l’enquête, est bouleversée par ce gaspillage d’enfants, elle qui cherche désespérément à devenir mère.  

A la vie à la mort !  

Perché sur les hauteurs de la ville de Liège, à quelques pas de la citadelle où furent torturés de multiples résistants, L’enclos des fusillés est un lieu tristement célèbre. C’est en effet dans ce cimetière que furent enterrés les martyrs de la Seconde Guerre Mondiale. En soit, il n’est donc pas étonnant d’ancrer un polar dans une toile de fond aussi austère. Ce qui surprend davantage, c’est d’y mêler une sombre histoire de cadavre de nouveaux-nés africains, retrouvés ensevelis aux côtés de ces héros du passé.

Dès la quatrième de couverture, le lien entre ces deux mondes m’a semblé difficile à établir ; mais lorsqu’on ajoute à cela le désir d’enfant de la juge, en charge de l’enquête, on atteint des sommets dans l’art de la psychanalyse ! Pourtant le parti-pris très paradoxal entre ces enfants non désirés à qui on a arbitrairement décidé de retirer la vie, et la situation de cette femme qui guette chaque mois son ventre, resté désespérément vide est très intéressant. L’ironie du sort nous rappelle aux tristes réalités, à l’injustice de la condition humaine. Mais j’ai malgré tout trouvé que l’histoire manquait de profondeur. Le livre est court, mais j’ai pourtant eu de grandes difficultés à me prendre dans l’intrigue.

Cela vient principalement du fait que je n’ai pas vraiment saisi le rapprochement entre le lieu où ont été enterrés les bébés, les fusillés et surtout la légende urbaine autour de l’accoucheuse des morts. Sans révéler la chute dont l’approche anthropologique reste pertinente, j’avoue avoir trouvé l’ensemble un peu sordide.

Quant aux personnages ? L’auteure papillonne de l’un à l’autre, semant des traits de caractère par-ci par-là mais sans vraiment s’intéresser à leurs motivations premières. A part la figure de la juge Werner, j’ai trouvé les autres protagonistes finalement assez superficiels : la greffière, viscéralement attachée à sa patronne, le commissaire bourru et attachant. Les archétypes ne sont-ils pas un peu trop stéréotypés ?

J’ai toutefois apprécié que l’on ne finisse pas sur un “Happy end” trop appuyé façon “Et elle conclut l’enquête et se retrouva enfin enceinte”.  

Pour résumer…  

L’enclos des fusillés est un roman au parti-pris intéressant mais il manque un fil conducteur à l’ensemble pour créer une véritable ambiance de polar. Dommage que les motivations des personnages n’aient pas été creusées davantage. La lecture est facile et agréable, mais le tout tombe un peu à plat.  


Ma note…  

11/20  

L'enclos des fusillés
Line Alexandre 
240 p. Weyrich, 15,00 €

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