Toxique : un polar comme dans les films

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Chronique littéraire Toxique par Mally's Books

Pour son second thriller, Toxique, Niko Tackian a repris les codes du téléfilm : du sensationnel, du fracassant, de l’imposant.
Si la lecture de ce nouveau polar Calmann Levy reste fascinante, l’histoire aurait mérité un travail plus poussé sur la psychologie du meurtrier. On reste un peu sur notre faim...  

La quatrième de couverture…  

Ils aiment entrer dans votre vie, certains aiment exercer leur pouvoir sur vous, Certains aiment vous séduire pour vous détruire. Ce sont les toxiques. Janvier 2016. La directrice d’une école maternelle de la banlieue parisienne est retrouvée morte dans son bureau. Dans ce Paris meurtri par les attentats de l’hiver, le sujet des écoles est très sensible. La Crime dépêche le commandant Tomar Khan, chef de groupe de la section 3, surnommé le Pitbull et connu pour être pointilleux sur les violences faites aux femmes. À première vue, l’affaire est simple, « sera bouclée en 24 h », a dit un des premiers enquêteurs, mais les nombreux démons qui hantent Tomar ont au moins un avantage : il a développé un instinct imparable pour déceler une histoire beaucoup plus compliquée qu’il y paraît  

Suspense garanti, mais...  

Si la lecture de Toxique ne m’a pas subjuguée d’admiration, elle a malgré tout bien débutée. L’incipit commence avec une sorte de cauchemar angoissant. Une terrasse de café, une femme passablement alcoolisée et un pervers prêt à passer à l’attaque. Avant même la fin de la première page, on frémit. A travers ce mélange malsain de sexe et de violence, se dessine les contours d’une France terrifiée par les attentats du 13 novembre. On s’attend à un récit explosif de vérité sur notre société.

Puis apparaît le personnage principal. Tomar Khan, un énième policier-gros-dur qui se targue d’intégrité mais traîne un passé dans lequel la justice ferait bien son marché ! L’éternel refrain du torturé qui se sent investit d’une mission d’intérêt public et profite bien volontiers de ses fonctions « pour la bonne cause ». Ah, ce Tomar ! Il lui en arrive des bricoles ! Le livre passe en vérité plus de temps sur son histoire personnelle que sur l'enquête en elle-même.

Pourtant, tout est là pour titiller le lecteur. D’une banale histoire de meurtre dans une école maternelle, on glisse peu à peu dans un sombre scénario de maltraitance. La toile se tisse, partant des misères de l’enfance pour tendre vers l’instabilité à l’âge adulte. Plus que toxique, la clé de voûte de cette enquête se révèle être un personnage malsain, désinhibé de toute morale et insensible aux émotions. Alors qu’on cherche le suspense, on s’aperçoit que le plus intéressant dans ce polar est l’analyse poussée de cette fameuse personne « timbrée », mais étrangement fascinante. Quel dommage de ne pas entrer davantage dans les rouages de sa mécanique. L’intrigue aurait tellement gagné à creuser cet angle « thriller psychologique ».  

Pour résumer…  

Le job est fait. Le texte se lit facilement, on a envie d’aller jusqu’au bout mais sans témoigner d’une grande avidité. L’intrigue oscille entre énervement infondé du personnage principal et stoïcisme de ses équipes, ce qui est finalement assez agaçant pour le lecteur. Toxique aurait gagné à se débarrasser de cette succession de clichés sur le polar. L’auteur tenait un bon fil conducteur, mais l’a traité de manière un peu trop superficielle. Dommage…  


Ma note…  

13/20  

Toxique
Niko Tackian 
306 p. Calmann Levy, 18,90 €

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