Là où se croisent quatre chemins • Tommi Kinnunen

07:38:00

Chronique littéraire Là où se croisent quatre chemins par Mally's Books
Alors que certains se plaignent que la Rentrée Littéraire de janvier n’égalera jamais sa grande sœur de septembre, les sorties littéraires de ce début 2017 semblent avoir fait taire les puristes grâce à leur richesse et leur diversité. Diversité de thèmes, mais aussi d’auteurs puisque cette rencontre laisse enfin le champ libre aux jeunes écrivains.

Grâce aux Editions Albin Michel, j’ai eu l’occasion de découvrir le premier roman du jeune finlandais Tommi Kinnunen. Elu meilleur livre 2014 par le Finnish Grand Journalism Prize, Là où se croisent quatre chemins, est une fresque familiale étonnante.



La quatrième de couverture…


« Au nord de la Finlande, un village perdu au cœur de la taïga voit se nouer le destin d’une famille. Tout commence en 1895 avec Maria, qui élève seule sa fille et à qui la profession de sage-femme assure une certaine indépendance. Dans l’ombre de sa mère, Lahja cherche quant à elle à s’affirmer en réalisant son rêve : fonder un foyer. Mais Onni, l’homme qu’elle a choisi, revenu de la guerre en héros, cache un secret qui compromet toute promesse de bonheur. Des décennies plus tard, en s’installant dans la maison familiale, Kaarina, leur belle-fille, va faire tomber silences et non-dits transmis de génération en génération... »

Mon avis…


Comment mieux raconter un siècle d’histoire qu’à travers les péripéties d’une famille ordinaire ? A travers les destins croisés de quatre personnages, Tommi Kinnunen nous dresse un véritable portrait de la société finlandaise du XXème siècle.

Au début des années 1900, on rencontre Maria, jeune sage-femme indépendante qui fait le choix du célibat et élève sa fille seule, au grand dam des gens bien-comme-il-faut. A l’opposé des valeurs de sa mère, Lahja, elle, cherchera à s’épanouir dans le confort de l’unité familial. Malheureusement, le lourd secret de son mari Onni compromettra tout espoir d’harmonie. Héritière d’un siècle de non-dit, c’est finalement leur belle-fille Kaarina qui ouvrira la boîte de Pandore.

Au gré des points de vue, l’auteur tisse le fil d’une intrigue mystérieuse marquée par la peur, l’incompréhension, mais également par un attachement indéfectible à ses semblables. Au fil des événements, chaque personnage apporte les pièces manquantes d’un puzzle qu’on devine lourd de remords et de préjugés. La haine de l’inconnu et le désir de se battre pour ce que l’on a construit se mêlent dans un infernal tourbillon de passions et de refoulements. Kinnunen nous peint de beaux portraits de femmes, mais étrangement le plus marquant reste celui accordé à Onni. Avec distance et délicatesse, il met en exergue une fragilité et un désarroi rarement associés aux personnages masculins.

A la fois poétique mais étouffant, Là où se croisent quatre chemins en dit beaucoup sur une époque où les états d’âme n’avaient pas leur place, et sur les mentalités d’un peuple de taiseux oppressé par des mœurs conservatrices. De ce texte découle un roman historique fort, une fresque intime et universelle qui nous interroge sur l’éternelle question : pour l’équilibre de tous, ne vaut-il pas mieux cacher certains secrets ?

Pour résumer…


Toute la force de ce premier roman réside dans son écriture lente et mesurée qui lui donne un caractère profondément intimiste. Si on se prend de compassion pour les personnages, la fresque familiale reste malgré tout commune.

Somme toute, une histoire comme on en a déjà lu cent fois, mais qui est tirée vers le haut par une narration d’une grande finesse.

Ma note…


14/20


Citation :
 « Il s’était marié comme il se doit, avait eu deux enfants.
Fait la guerre comme tout le monde. Qu’avait-il fait de mal ?
Ce n’est pas de cette vie qu’il voulait ».

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