La voix des vagues • Jackie Copleton

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Chronique littéraire La voix des vagues par Mally's Books
La mer se retire et emporte avec elle les traces du passé. Puis vient le jour, où de la profondeur des abîmes, ressurgit un souvenir oublié, déposé sur la jetée telle une main tendue vers la libération…

Pour son premier roman, La voix des vagues, Jackie Copleton ouvre la porte sur un univers poétique tout en mélancolie. Paru aux Editions Les Escales le 13 octobre dernier, ce texte nous immerge au cœur d’une famille Japonaise frappée par la bombe nucléaire. Un récit empreint de douleur mais qui paradoxalement fait éclater une rage de vivre universelle.

La quatrième de couverture…


« Lorsqu'un homme horriblement défiguré frappe à la porte d'Amaterasu Takahashi et qu'il prétend être son petit-fils disparu depuis des années, Amaterasu est bouleversée. Elle aimerait tellement le croire, mais comment savoir s'il dit la vérité ?
Ce qu'elle sait c'est que sa fille et son petit-fils sont forcément morts le 9 août 1945, le jour où les Américains ont bombardé Nagasaki ; elle sait aussi qu'elle a fouillé sa ville en ruine à la recherche des siens pendant des semaines. Avec l'arrivée de cet homme, Amaterasu doit se replonger dans un passé douloureux dominé par le chagrin, la perte et le remord.
Elle qui a quitté son pays natal, le Japon, pour les États-Unis se remémore ce qu'elle a voulu oublier : son pays, sa jeunesse et sa relation compliquée avec sa fille. L'apparition de l'étranger sort Amaterasu de sa mélancolie et ouvre une boîte de Pandore d'où s'échappent les souvenirs qu'elle a laissé derrière elle ... »

Mon avis…


Au milieu des années 80, Amaterasu Takamashi est une vieille dame brisée. Tapie dans un mutisme absolu, elle noie sa peine et sa douleur dans la chaleur réconfortante du saké. Chaque jour, ces quelques gouttes d’alcool de riz l’emmènent en voyage dans le Nagasaki du début du siècle, sur les traces de sa vie d’avant. Puis vient le soir où un homme va venir tout bousculer. Il se fait appeler Hideo. Hideo comme ce petit-fils mort dans l’explosion de Pikadon. Serait-il possible qu’il ait survécu ? Dès lors, son circuit solitaire se transforme en pèlerinage collectif dans les heures les plus noires de sa vie.

On découvre Amaterasu dans son rôle de mère et d’épouse. En tant que femme de, elle est une transmettrice garante du respect des codes culturels Japonais, attachée aux principes et fuyant à tout prix le déshonneur. En tant que mère, elle est une tigresse éminemment protectrice qui fera tout pour préserver sa fille de la peine et de la honte. Dès le départ on devine une relation complexe entre Amaterasu et Yuko, basée sur des secrets que chacune d’entre-elles tente de dissimuler. Car au-delà de l’amour inconditionnel qu’elle porte à sa fille Amaterasu fut aussi une jeune femme blessée par un amour sans retour.
Alors que la Guerre est venue tout balayer toute tentative de compréhension mutuelle, alors que trente-huit années de souffrance sont venues jeter un voile sur les faux-semblants, la vieille femme s’autorise l’impensable et plonge dans les journaux de sa fille. S’ensuivent des allers-retours entre le passé et le présent qui peu à peu nous dévoilent une intrigue bien plus complexe qu’il n’y parait.

Pour nous raconter cette histoire, Jackie Copleton reprend les codes du spleen chers à Baudelaire. Le personnage d’Amaterasu témoigne d’une profonde tristesse née d’un mal de vivre qui semble insurmontable. Cette femme solitaire qui jongle entre nostalgie, culpabilité et sentiment d’impuissance créé une ambiance douce-amère pleine de poésie. Pourtant, rien n’est léger dans ce texte. A travers cette histoire d’amour, l’auteure aborde des thèmes difficiles tels que le poids des traditions, la faute, la trahison, l’importance de la dignité…
Avec ce tableau d’émotions contenues, Jackie Copleton nous fait découvrir un Japon authentique. J’ai beaucoup apprécié la construction du roman qui traduit une écriture très réfléchie. Chaque début de chapitre est introduit par une définition d’un précepte japonais, lui-même illustré par le récit qui va suivre. On entre pleinement dans la culture japonaise.

Pour résumer…


La voix des vagues fut à la hauteur de mes espérances. Jackie Copleton a su maintenir un doux suspense jusqu’à la fin du roman et finit sur un choix qui invite à l’apaisement.

Plus qu’un voyage introspectif, ce livre entremêle destins particuliers, histoire de famille et devenir collectif pour révéler un constat universel : alors que toute considération pour l’humanité semble s’évaporer, rien ne semble alterner l’envie de vivre, la passion.

Ce premier roman est un très bel hommage au Japon et à sa culture, et également une brûlante piqûre de rappel de la violence de la répression infligée aux civils nippons. Ce n’est pas un coup de cœur, mais une très belle découverte.

Ma note…


15/20

Citation :
"J'avais fait à ce bébé tant de promesses :
je lui avais promis de l'aimer, de la protéger, de me battre pour elle.
La férocité de mon amour m'était arrivée comme un choc.
Elle était tout ce qui importait."

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3 commentaires

  1. Un très beau roman qui si il n'est pas un coup de cœur me marquera un moment.

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  2. J'ai tellement entendu de positif sur ce livre ! J'ai très envie de le lire, j'attends de pouvoir me l'offrir et je saute dessus haha :)

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  3. J'ai pris beaucoup de plaisir à lire le livre, mais je pense que mon rythme un peu décousu ne m'a pas aidé à me mettre vraiment dedans. Alors non, ce n'est pas un coup de cœur, mais je le conseille pour passer un bon moment.

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